✨ Être contemplatif, c’est accueillir gratuitement l’expérience de Dieu, au-delà de tout effort personnel. Dans la tradition du Carmel, le cœur se tourne vers Jésus, habité du désir d’union mystique, jusqu’à goûter la paix profonde et les fruits transformants de la contemplation.
QU’EST-CE QU’UN CONTEMPLATIF ?
1. Définition
Le contemplatif entre dans la sphère de l’expérience surnaturelle de Dieu qui est pure gratuité.
L’expérience mystique est une grâce que l’on ne peut obtenir par sa propre industrie. Elle est surnaturelle parce que donnée librement par Dieu. Dieu accorde gratuitement. Le surnaturelle est expérimenté comme une grâce unique et imméritée. « Le Seigneur les donne quand il veut, comme il veut, à qui il veut, sans faire de tort à personne »
Tout ce que l’âme ne peut pas acquérir par ses efforts personnels, bien que soutenue par une assistance générale[1]
Ici plus d’effort, plus de savoir-faire de notre part : il ne faut plus que dire « que ta volonté soit faite » (C32,10).
Le contemplatif, dans la tradition de l’ordre du Carmel, s’inscrit au cœur d’une vie d’oraison : une vie de regard tourné vers le Seigneur Jésus-Christ, une vie de silence et une vie orientée vers le développement des vertus thérèsiennes jusqu’à leur perfection.
Le priant suit un chemin sur lequel sainte Thérèse a laissé des repères afin qu’il reconnaisse ce qu’il vit et de se repérer dans son évolution.
Tout contemplatif est habité du désir d’unir son âme à celle de Dieu dans une union mystique ou autrement appelé le mariage spirituel ; découvrir le trésor caché au centre de nous-même.
Et cela nécessite l’intervention de l’Esprit Saint. Sainte Térèse appelle cela l’oraison surnaturelle. Elle distingue plusieurs : l’oraison de quiétude et l’oraison d’union en fonction des facultés saisies par Dieu (la volonté ou/et l’entendement). On se laisse devenir contemplatif, dans sa métaphore du château intérieur, à partir des 5/6/7èmes demeures avec un passage de transition dans les 4èmes demeures où l’oraison est déjà partiellement passive avec un élargissement du cœur. Ces 4èmes demeures ouvrent à une réalité nouvelle dont Dieu seul est l’initiateur.
Avant le méditant expérimente un recueillement actif.
La passivité de l’âme sous l’action de Dieu est clairement marquée par la formule : sans le vouloir.
Je contemple quand je suis dans un recueillement passif. Le Seigneur par un secours particulier, extraordinaire va venir prier à notre place afin que cette prière soit de facture divine. C’est l’Esprit Saint qui surgit dans l’espace de la méditation. Il y a une notion de facilité, une profondeur et une intimité qui n’est pas reproductible. La contemplation, c’est comme prendre l’autoroute pour aller dans le royaume de Dieu. C’est une expérience de Dieu sensible.
Dans l’oraison de quiétude, l’Esprit Saint réalise une emprise sur la faculté de volonté qui s’exprime par un grand silence et un état de paix, comme si le monde environnant n’avait plus de prise sur nous. Un autre signe est un engourdissement du corps comme dans une sorte de relaxation profonde où le corps a du mal à bouger.
Dans l’oraison d’union, l’Esprit Saint se saisit des facultés de volontés et d’entendement. La conscience de soi est absente ce qui donne à cette expérience un caractère très mystérieux. Il n’y a plus personne pour rendre compte de l’expérience. L’âme est perdue en Dieu et une fois qu’elle revient à elle-même, elle est dépositaire de lumières absolument incroyables. Les fruits sont des visions intellectuelles (compréhension d’un mystère), la personne n’a pas de mots pour décrire ce qu’il lui a été donné de voir. L’Esprit Saint peut agir sur l’imaginaire et produire des images. Il y a aussi des paroles intérieures qui sont indélébiles et substantielles (elles produisent ce qu’elles signifient). Puis, il y a des signes comme les blessures d’amour ou la lévitation.
La contemplation peut être fruitive avec tous les signes décrits mais on parle aussi de sécheresse contemplative : incapacité à méditer comme avant, pas de sentiment pour le monde créé et les créatures, crainte de mal servir Dieu mais persévérance dans l’oraison. L’âme va avoir une finesse de discernement dans la vie quotidienne. Ce qui compte n’est pas la forme mais la grâce que produit la contemplation : une assurance dans les mystères de la foi, capacité à donner des conseils avisés, capacité de pardon, une nouvelle façon d’aimer (identifiée à Jésus crucifié), l’âme voit le monde d’une manière plus divine et elle comprend que Dieu ne l’abandonnera jamais.
2. L’ambivalence de la part humaine et de la volonté divine
On distingue le recueillement actif : l’âme se retire avec son Dieu dans son paradis intérieur, elle ferme derrière elle la porte à toutes les choses du monde. La méditation, qui correspond au 1er bassin chez Thérèse, utilise un effort de l’entendement pour obtenir des contentements. « C’est avec bruit que la méditation répand quelque chose de profitable dans l’âme ».
La méditation est un ensemble de pratiques qui mène à un simple regard amoureux dont nous sommes capables nous-même avec le secours de Dieu.
L’âme peut aider en haussant son esprit au-dessus de toutes les choses crées et en l’élevant avec humilité.
Il est absurde de penser qu’une quelconque technique puisse provoquer cet état surnaturel. Cependant, il faut s’y disposer. Cette expérience contemplative s’épanouit dans la communion intime avec celui qui est la source de tous les dons.
En priant le Notre Père nous pouvons recevoir le don de la contemplation (C25, 1).
Thérèse cherche à articuler ces deux éléments qui font partie de la vie intérieure : notre effort ou notre disposition à recevoir les grâces de Dieu et la gratuité des dons de Dieu. Notre effort par une pratique parfaite de l’amour de Dieu et du prochain nous amène au plus haut degré de vie de grâce que l’on puisse atteindre. Le travail de la volonté soutenu par la grâce ne produira jamais l’effet prodigieux qui se réalise durant le court laps de temps d’une union[2].
La contemplation n’est pas un mérite ou une récompense mais un don gratuit de la part de Dieu.
Dieu ne change pas dans sa présence, il est toujours le même, mais l’homme change dans sa relation avec lui. L’inhabitation par la grâce représente la connaissance indirecte d’une personne. L’union mystique représente l’approfondissement de cette connaissance dans une rencontre avec la personne elle-même. Dieu nous fait pénétrer consciemment au plus intime de notre âme pour se faire sentir spirituellement à nous. Dieu seul peut nous dévoiler notre fond le plus intime. Nous ne nous situons plus au niveau des facultés (foi, espérance et charité) mais au niveau de l’essence de l’âme. L’inhabitation par la grâce et l’union mystique reposent sur la même présence de Dieu en nous mais qui se laisse expérimenter de différentes manières. Il y a la présence de l’immensité de Dieu en nous qui peut être conscientisée par la vie théologale ou bien par l’expérience mystique.
Chez quelqu’un de complètement incroyant, il peut être donné en cadeau pour éveiller la foi.
Y aurait-il un élitisme des quelques rares élus appelés à de grandes choses ?
Dieu ne conduit pas toutes les personnes par le même chemin.
Les grâces mystiques ne sont pas l’essentiel de la vie spirituelle. Le fondement de la vie spirituelle est la présence de Dieu en nous et qui rend possible la vie théologale. De plus, les plaisirs spirituels ne font pas la sainteté. En même temps, nous ne pouvons pas nier que l’expérience contemplative apporte un plus à la vie spirituelle par la connaissance personnelle plus profonde de Dieu. Elle est un chemin vers le but, à savoir la vie éternelle dans la vision et la jouissance de Dieu.
3. Quels sont les dons reçus par un contemplatif ?
En 1560 sainte Thérèse décrit sa 1ère vision intellectuelle du Christ.
Le Seigneur établit la paix dans notre âme par sa présence.
Faire un avec lui et être élevé à l’union.
L’âme sait qu’elle est dans le Royaume. C’est comme un ralentissement intérieur et extérieur. Le corps ne voudrait même pas bouger. Le meilleur moyen de prolonger cette faveur, c’est d’admettre clairement que nous n’y sommes pour rien.
L’âme désir la solitude.
La personne se reconnaît à peine elle-même.
4. Les fruits de la contemplation
Les grâces de la contemplation nous permettent d’atteindre une grande perfection dans les vertus.
L’eau, les dons de la contemplation, purifie notre âme.
Dieu suscite à l’âme de nouvelles capacités à servir et à aimer.
La conscience plus vive de la présence du Seigneur et de son action (en soi) modifie la manière de prier et de communiquer.
L’âme n’est plus oppressée par la frayeur de l’enfer car elle a une grande confiance de jouir de lui un jour. Elle a un plus grand désir de ne point offenser Dieu, son appréhension des épreuves diminue, sa foi est plus vive. Elle a la ferme volonté de faire quelque chose pour Dieu. Elle se juge misérable.
Apaisement des craintes et des peurs
Croissance des vertus : vigilance, persévérance dans la quête de perfection, confiance, volonté de faire quelque chose pour Dieu, humilité
Acceptation des croix, capacité de les recevoir, plus grande conformité au Christ.
Désir se voir manifester la gloire de Dieu.